Le projet naît en mars 2006, au retour du voyage de Didier à Tambacounda, en déplacement dans le cadre de l’association Reillanne / Tambacounda, association de jumelage et d’échange entre l’école de Reillanne et celle de Tambacounda. Un projet de bibliothèque est en cours depuis quelques temps dans les locaux d’une ancienne salle de classe désaffectée. Les enseignants sénégalais émettent le désir de voir des jeunes français participer à la réfection de la bibliothèque et de créer des échanges concrets entre les jeunes. Le projet est accueilli avec enthousiaste de tous côtés. Des jeunes se montrent rapidement candidats.
L’association Reillanne / Tambacounda crée dans un premier temps une commission spécifique pour le montage de ce projet mais rapidement, elle montre une frilosité, puis un refus de porter ce projet, devant les responsabilités que cela engendre. La commission se retire alors de l’association pour créer un collectif du nom d’ADJA, Action Durable Jeune Afrique, qui a pour objectif de faciliter les échanges entre jeunes de 7 à 97 ans, Nord-Sud et Sud-Nord. ADJA, c’est aussi le nom de l’école pour laquelle les jeunes feront leur première action, il est donc très symbolique ! Entre temps, le projet s’est orienté vers la construction d’une salle de classe, la salle de bibliothèque ayant fait l’objet de travaux par le gouvernement sénégalais dans le cadre des manifestations estudiantines de la fin 2006.
Création de l’association : 02 octobre 2006
Pour arriver à ses fins, l’association qui ne bénéficie alors d’aucune aide, décide de ne compter que sur ses propres moyens en menant de nombreuses actions bénévoles, et plus particulièrement la création d’évènements artistiques. Un groupe de jeune se forme rapidement autour de Faby, Flo et Didier.
Les trois spectacles :
Ablaye Cissokho, le 24 juillet 2006
La première de nos actions sera le concert d’Ablaye Cissoko, Griot et joueur de Kora Sénégalais, sur l’Esplanade de Saint Denis à Reillanne. Un concert magnifique qui enchantera les 200 personnes présentes. Les 129 entrées payantes et la vente de gâteaux, cartes, baobabs, et bijoux africains nous rapportent environ 630 euros de bénéfices.
Cabaret Tzigane, le 20 octobre 2006
Autour de Martin Schaeffer, violoniste Tzigane présent à ce moment là dans la région, nous organisons avec la pleine collaboration d’Helmut Nunning et d’Odile Vitalis, parents de Léa et metteurs en scènes de nouveaux cirques, un Cabaret Tzigane à Saint Michel l’Observatoire. Une succession de numéros réalisés par de nombreux artistes et amis ravient les spectateurs, pendant que s’affairent dans les cuisines et en salle, les jeunes, leurs amis et parents, pour assurer le service de restauration. Nous rencontrons un franc succès avec plus de 200 entrées et une cinquantaine de personnes que nous devons refuser faute de place. Nous remercions sincèrement les artistes qui nous ont offert gracieusement leur prestation : Martin Schaeffer, Helmut Nunning, Max, Didier, Sabrina, Gaëlle, Cécile, Comedia mundi, Aksak, etc…ainsi que la mairie de Saint Michel pour le prêt gratuit de la salle.
Natty de Sinsemilia et Canapacoustik, le 17 février 2007
Noël arrive et nous ne sommes sûrs de rien. Nous n’avons en caisse que 3500 euros, ce qui est largement insuffisant pour un projet estimé à 10000 euros. Nous décidons de frapper un grand coup, et de prendre le risque d’organiser un Concert de Reggæ à Forcalquier, à la Salle de la Bonne Fontaine avec Natty, ami de Mathias, bassiste et choriste du célèbre groupe Sinsemilia. En première partie, Canapacoustik, un groupe festif de Manosque, chauffe la salle. L’enjeu est important, c’est notre dernière chance de pouvoir réaliser le projet et les risques financiers ne sont pas des moindres. Il faut mettre le paquet sur la campagne d’affichage et la publicité. Tout le monde est mobilisé. On repasse plusieurs fois sur les mêmes lieux pour remettre des affiches là où elles ont disparu. L’info est relayée par différentes radios (Radio Zinzine, Radio Galère), différents journaux et différents sites Internet. L’organisation est beaucoup plus importante que celle des concerts précédents. Enfin, le jour venu, nous accueillons 600 personnes dont 500 entrées payantes et faisons un bénéfice de 3700 euros. Le challenge est gagné.
Les marchés et la Tombola de Noël
Pendant ce temps, les jeunes font régulièrement les marchés de Manosque, Reillanne et Apt, bravant le froid hivernal, pour présenter leur projet, vendre des bijoux Sénégalais, des gâteaux qu’ils confectionnent eux-mêmes, des CD enregistrés au Cabaret Tzigane, pour récolter des adhésions, etc… les 6 marchés rapporteront environ 900 euros. Mais les marchés ont aussi présenté le double intérêt de permettre aux jeunes de s’approprier le projet, parce qu’ils devaient le défendre devant des inconnus et le faire connaître auprès des locaux. Cela leur a permis de prendre confiance en eux et de renforcer leur motivation, même si des périodes de doutes les ont traversés à un moment ou un autre.
La tombola, quant à elle, rapporte 400 euros et désigne 3 heureux gagnants dont deux repartiront avec un demi-agneau chacun, offert par les parents de Mathias et le dernier avec un panier garni. Cette tombola est l’occasion de nous souhaiter la bonne année autour d’un verre, de quelques amuse-bouches et surtout de musiciens.
Les demandes de subventions et recherche de sponsors
Convaincus que les subventions peuvent grandement nous aider, nous nous lançons dès la création de l’association dans la rédaction d’un dossier conséquent présentant notre projet. Cette recherche demandera énormément d’investissement en énergie, temps et argent, pour des résultats somme toute assez faibles.
Cependant, les huit mois de recherches vont nous conduire à l’obtention d’une subvention de la MSA des Hautes Alpes et des Alpes de Haute Provence. Nous sommes récompensés le 24 janvier 2007 par le premier prix du concours « Appel à Projet Jeunes » pour un montant de 2000 euros ! Cette somme nous est alors salutaire. Rappelez-vous qu’à cette époque, le concert de Natty n’a pas encore eu lieu et nous n’avons que 3500 euros en poche.
Peu de temps après, la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports nous octroie un prix de 500 euros dans le cadre du programme « Envie d’Agir ». Nous remercions chaleureusement ces deux organismes pour leur soutien précieux.
Par ailleurs, les autres très nombreuses demandes ont abouti à des refus, ou des impossibilités de rentrer dans les délais de dépôts de candidature comme par exemple pour le Ministère des Affaires Etrangères, la Fondation Air France, la course en Solidaire (Mutualité Française Paca). Parmi les demandes qui ont été faites, nous pouvons citer par exemple la Société Générale, le Crédit Lyonnais, la Maïf, le Groupama, le Lions Club, le Rotary Club, la fondation Blachère, Bricorama, Yves Rocher, Pizza Manosque, etc….
Pour une prochaine fois, il est important de tirer la leçon suivante : ne pas être trop court en délais, prendre le temps d’établir des contacts et cibler davantage les financeurs potentiels.
Enfin, il est important de rappeler que chaque participant a fourni un apport personnel de 300 euros, défini dès le début du projet, soit 2700 euros.
La souscription
Début janvier, une souscription est mise en place, elle rapportera 260 euros.
Le séjour du 24 février au 11 mars 2007
La mairie de Reillanne nous accueille la veille du départ pour un pot de l’amitié. Une banderole est installée sur le cours Thierry d’Argenlieu, mentionnant que des jeunes de Reillanne sont à Tambacounda pour construire une salle de classe maternelle.
Départ comme prévu le 24 Février 2007. Nous ne décrirons pas ici le séjour au Sénégal, largement relaté dans les différents comptes-rendus des participants, ainsi que sur le Blog et l’exposition tournante. Sous la chaleur et les difficultés inhérentes à l’Afrique, jeunes français et africains encadrés de trois adultes, réaliseront en 12 jours un travail collossal ! Les finitions seront assurées par les sénégalais, pour qui le travail est planifié et préparé. Aujourd’hui, devant la qualité de l’architecture, l’école souhaite aller plus loin et monter les murs en briques de terre crue stabilisées jusque sous toiture (ils étaient prévus à l’origine d’une hauteur de 70 cm). Sur place, le groupe est accueilli par l’association La Voie avec laquelle un contact fructueux fut établi. La découverte du Village de Thianfara fera naître d’autres projets et d’autres envies.
Le bilan global du séjour est extrêmement positif à tout point de vue :
D’abord parce que les jeunes y étaient parfaitement préparés et savaient véritablement pour quelles raisons ils étaient là. Ils avaient prouvé leur motivation tout au long de la préparation du projet. C’était le leur et pour rien au monde ils n’auraient voulu le compromettre. Une belle énergie !
Ensuite parce qu’une nouvelle salle de classe a vu le jour, malgré les conditions difficiles de chantier.
Parce que des liens sérieux se sont créés entre jeunes français et jeunes sénégalais, et que la confrontation réciproque des cultures fut un choc enrichissant pour tous. C’est un pas vers la compréhension de l’autre, vers la tolérance et l’acceptation des différences.
Parce que ces nouveaux liens débouchent vers de nouvelles envies et de nouveaux projets
Parce que les jeunes reviennent avec en tête une magnifique expérience à partager et des révélations sur la conduite de leur avenir.
Retour le 11 mars. Afin de ne pas perturber les jeunes qui préparaient leurs examens, nous décidons de programmer la restitution et la présentation du voyage le 1er juillet 2007 à la salle des fêtes de Reillanne. Nous demandons juste à chacun de produire rapidement un compte-rendu personnel de son séjour, pendant que les choses sont encore fraîches à leur mémoire. Ils livrent ainsi leurs émotions et leurs découvertes.
Présentation du séjour à la salle des fêtes de Reillanne
La salle est décorée de tentures africaines, d’objets africains, les jeunes ont revêtu leurs boubous et grigris. Une exposition de 15 panneaux photos, illustrés de textes repris dans les divers comptes-rendus, est affichée aux murs. Un ordinateur propose en boucle une vidéo des interviews et commentaires de chaque jeune, enregistrés le dernier jour au Sénégal.
Et la suite…
Depuis notre retour, nous avons financé la fin de la première partie des travaux sur la classe.
Une demande de 255 000 CFA nous a été faite pour achever celle-ci en briques de terre crue. Cependant, pour assurer la mise en œuvre un peu plus technique que la première partie et ne pas compromettre la réalisation, nous souhaitons être présents lors de la deuxième phase de travaux.
Nous honorons nos engagements avec le village de Thianfara, nous finançons au début de l’hivernage la plantation d’un hectare de manguiers et d’anacardiers et nous nous procurons un système de production d’eau potable (système WATA, mis au point par Antenna Technologies Suisse), que nous nous chargerons de mettre en fonction lors de notre prochain déplacement.
Remerciements
Nous remercions bien sûr toutes les personnes qui nous ont aidé à mettre en œuvre cette lourde machinerie et sans qui le projet n’aurait pas vu le jour…la meilleure récompense reste encore le succès de cette opération. Au risque d’oublier des noms, nous remercions :
Les parents et amis des jeunes présents à chaque étape du montage du projet ;
La MSA, la DDJS ;
Les Mairie de Reillanne, Saint Michel et Forcalquier, ;
Les artistes qui ont offert leur prestation ;
La Régie Paca, la Sacem ;
Longo Maï, Radio Zinzine ;
La pharmacie de Grambois ;
Les nombreux donateurs ;
« J’aime les Pastèques » et son papa…